Peindre à Rome
Exposition " peindre à Rome aux 17 ième et 18 ième siècles, galerie Tarantino, 38 rue Saint-Georges, à partir du 15 mars 2011.
A la suite d' une première série consacrée à la Basilique Saint-Pierre de Rome en 2007-2008- dont le parcours pictural nous menait du Pont Saint-Ange aux espaces les plus cachés du lieu sacré- Philippe Casanova poursuit son étude du Vatican avec cette nouvelle tempéra (1). Se distinguant subtilement des précédentes réalisations par son iconographie, l' oeuvre offre une version "imaginée" de l' intérieur de la basilique, une composition alliant éléments réels et fictifs. Représentant la partie supérieure du bas-coté sud, le tableau situe le spectateur près de la chapelle du Choeur, au devant du tombeau de Léon XI entrepris par L' Algarde ( Bologna,1598- Roma,1654) dès 1634 dont l' on devine la figure de la Majesté dans l' angle inférieur droit. Attirant notre reguard, la lumière qui traverse et découpe violemment la toile tout en suggérant la profondeur de l' espace, porte notre attention sur le décors peint se développant au sommet de la première arcade montrant un couple de personnages dont un ange reconnaissable à ses larges ailes bleues, cette composition imaginée par le peintre Nicola Ricciolini ( 1687-1760 )- élève de Carlo Maratta- illustre le thème d' Elie et le feu consumant l' holocauste. L' introduction de ce motif à droite de la première fenètre haute relève ici de l' invention de Philippe Casanova. Bien que deux esquisses préparatoires au lavis sur l' histoire d' Hélie et Isai aient été exécutées par Ricciolini, elles ne furent jamais transposées en mosaique pour orner l' intérieur de la basilique Saint-pierre (2). Tout en écrivant une nouvelle histoire du lieu sacré, Casanova semble rendre hommage au peintre en reproduisant un motif mal connu auquel il donne vie par la vivacité de sa touche flamboyante. Fidèle à sa manière colorée et fougueuse avec laquelle il ré-interprète les intérieurs sacrés romains du Seicento comme du Settecento, Philippe Casanova impose au spectateur sa vision contemporaine du baroque dont l' essence mème est exprimé par la lumière. Se plaçant dans la tradition du cavalier Bernin et inscrivant sa toile dans le souvenir du Bel Composto, le peintre joue avec la lumière, quasi divine, pour en faire un personnage à part entière, au mème titre que ses contrastes chromatiques ou que sa schématisation des figures. Identifiable gràce à la représentation des sculptures du Bolonais, cette nouvelle vue intérieure de la basilique Saint-pierre de Rome n' en reste pas moins unique car elle apparait comme la première " rèverie baroque" que nous offre Casanova. Alicia Adamczak (1): voir Magnificenze Vaticane- tesori inéditi dalla Fabbrica di San Pietro, Rome, Palazzo Incontro, 12 Mars-25 Mai 2008, cat. 76-91. (2) sur les décors de mosaique de la basilique, voir Franck Difederico, " The Mosaics of San Peter's decorating the New Basilica, Pennsylvannie, the Pennsylvannia University Press, 1983.